Nous entendons par aspirations, les choses dont les enfants et les jeunes espèrent réaliser à l’avenir pour eux-mêmes. Pour répondre à leurs aspirations en matière de carrière, d’université et de formation poussée, les élèves ont souvent besoin de bons résultats scolaires. On pense donc souvent que le fait d’accroître les aspirations incite à améliorer les résultats scolaires.
Les interventions sur l’aspiration tendent à se classer en trois grandes catégories :
- les interventions qui se concentrent sur les parents et les familles ;
- les interventions axées sur les pratiques pédagogiques ; et
- les interventions en dehors de l’école ou les activités extrascolaires, impliquant parfois des pairs ou des tuteurs.
Les approches utilisées dans ces interventions sont diverses. Certaines visent à modifier directement les aspirations en exposant les enfants à de nouvelles opportunités et d’autres visent à élever les aspirations en développant l’estime de soi générale, la motivation ou l’auto-efficacité. Pour les interventions qui se concentrent sur l’auto-efficacité et la motivation spécifiquement dans un contexte d’apprentissage (par exemple, les interventions de type “growth mindets”), veuillez consulter la section Métacognition et autorégulation.
1. Les données probantes actuelles concernant les interventions sur l’aspiration sont extrêmement faibles. Le manque d’études identifiées signifie qu’un impact sur les progrès mensuels n’est pas communiqué. Les écoles doivent surveiller attentivement l’impact de toute intervention ou approche sur les résultats scolaires.
2. Selon les données probantes existantes, la relation entre les aspirations et le rendement scolaire n’est pas claire. En général, les approches visant à accroître les aspirations ne se sont pas traduites par une augmentation de l’apprentissage. Les approches liées à l’amélioration des résultats ont presque toujours une composante scolaire importante, ce qui suggère qu’il n’est pas efficace d’accroître les aspirations de manière isolée.
3. La plupart des jeunes ont des aspirations élevées pour eux-mêmes. S’assurer que les élèves ont les connaissances et les compétences nécessaires pour progresser vers leurs aspirations est probablement plus efficace que d’intervenir pour changer les aspirations elles-mêmes.
4. Les attitudes, les croyances et les comportements qui entourent les aspirations dans les communautés défavorisées sont divers, il faut donc éviter de généraliser.
Le manque d’études portant sur des interventions testées sur l’aspiration implique qu’il n’y a pas assez de fiabilité pour communiquer le chiffre de progrès par mois.
Il est important de reconnaître que de plus larges données probantes indiquent que la relation entre les aspirations et la réussite scolaire est complexe, et qu’il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les interventions en matière d’aspiration peuvent ou pas avoir d’impact sur la réussite scolaire.
Certaines études ont démontré que la plupart des jeunes ont déjà des aspirations élevées, suggérant qu’une grande partie des mauvais résultats ne résulte pas d’une faible aspiration mais d’un écart entre les aspirations et les connaissances, les compétences et les caractéristiques requises pour les réaliser. Lorsque les élèves ont de faibles aspirations, il n’est pas certain que les interventions ciblées aient systématiquement réussi à les élever. De même, lorsque les aspirations sont faibles au départ et qu’elles sont relevées avec succès par une intervention, il n’est pas certain qu’une amélioration de l’apprentissage s’ensuive nécessairement.
Dans l’ensemble, la relation entre les interventions sur les aspirations et la réussite scolaire en Afrique subsaharienne (ASS) n’a pas été clairement établie. Certaines données probantes provenant des pays d’Afrique subsaharienne indiquent que l’enseignement pratique des sciences peut motiver les élèves et favoriser leur développement personnel et leurs compétences dans la vie courante. Les résultats d’un essai contrôlé randomisé (ECR) en Zambie suggèrent que l’amélioration des compétences de négociation des filles en 8ème année peut augmenter la scolarisation et réduire l’abandon scolaire lors de la transition vers les écoles secondaires.
Une étude réalisée au Burkina Faso révèle que la participation de la communauté à la gestion de l’école peut avoir un impact positif sur les élèves de 6e année par rapport aux autres classes, grâce à l’aspiration accrue des parents à voir leurs enfants réussir les examens de remise des diplômes, ce qui permet aux élèves d’accéder à des niveaux d’éducation plus élevés.
Il est important de noter que certains facteurs peuvent réduire les aspirations des élèves, en particulier dans les contextes d’éducation inclusive, qui doivent être identifiés et traités par les écoles. Par exemple, une étude sur l’expérience des enfants handicapés dans six pays d’Afrique subsaharienne indique que les filles handicapées peuvent avoir moins d’ambition en termes d’éducation et d’aspirations professionnelles que les garçons handicapés en raison des perceptions négatives de la société selon lesquelles les filles ont un potentiel éducatif limité.
Les approches des aspirations sont diverses et peuvent se concentrer sur les parents et les familles, la pratique de l’enseignement ou les interventions en dehors de l’école ou les activités extrascolaires impliquant des pairs ou des tuteurs. Lors de la mise en œuvre d’interventions axées sur l’aspiration, les écoles peuvent envisager d’inclure :
- Des orientations sur les connaissances, les compétences et les caractéristiques nécessaires pour atteindre les objectifs futurs.
- Des activités visant à aider les élèves à développer leur estime de soi, leur motivation pour l’apprentissage ou leur efficacité personnelle.
- Des opportunités pour les élèves de découvrir de nouvelles expériences et de nouveaux environnements.
- Le soutien scolaire supplémentaire.
Compte tenu des données probantes limitées, il est particulièrement important de contrôler les impacts lorsque les approches fondées sur les aspirations sont utilisées comme méthode d’amélioration des résultats scolaires.
Les interventions sur l’aspiration varient en durée et peuvent inclure des approches au sein de la classe par les enseignants, des clubs après l’école, des programmes en dehors de l’école, ou un mentorat mené par du personnel rémunéré ou des bénévoles. Le mentorat et les interventions parentales sont généralement dispensés sur une longue période (souvent au moins la durée d’une année scolaire) afin de construire des relations efficaces.
Le coût de la mise en œuvre des interventions sur l’aspiration devrait être modéré. Les coûts peuvent inclure le développement des compétences professionnelles des enseignants et le temps qu’ils consacrent à la planification et à la mise en œuvre d’interventions visant à aider les parents et les élèves à réfléchir à ce qu’ils espèrent réaliser à l’avenir et à mieux comprendre les connaissances, les compétences et l’expérience nécessaires pour y parvenir. Certains coûts pourraient être engendrés par l’encouragement de la participation à des activités extrascolaires dans les écoles, bien qu’ils soient relativement faibles
Outre la question du temps et des coûts, les chefs d’établissement devraient réfléchir à comment maximiser l’efficacité des approches en incluant une composante académique significative et éviter les approches qui visent à élever les aspirations de manière isolée, ce qui peut ne pas être efficace.
La fiabilité des données probantes concernant les interventions sur l’aspiration est jugée extrêmement faible. Pour les sujets avec des données probantes extrêmement faibles, le chiffre de la progression mensuelle n’est pas affiché. Seules 3 études répondant aux critères d’inclusion pré-spécifiés ont été identifiées.
Les données probantes sur les interventions d’aspiration en Afrique subsaharienne sont limitées, bien que certaines des études existantes ont été menées en tant que RCT. Il est nécessaire de mener des recherches approfondies sur l’impact des différentes composantes des interventions d’aspiration sur la réussite scolaire des élèves en Afrique subsaharienne, en particulier les interventions extrascolaires ou les activités extrascolaires impliquant des pairs et des tuteurs.