Les programmes de transfert monétaire visent à fournir une aide financière aux ménages à faible revenu afin de soutenir l’inscription et/ou la fréquentation scolaire et, par conséquent, d’améliorer le rendement scolaire. Cette synthèse de données probantes se concentre sur l’impact des programmes de transferts monétaires sur le rendement scolaire des élèves.
On peut distinguer les transferts monétaires inconditionnels, dans lesquels les transferts sont effectués indépendamment de l’adhésion des bénéficiaires à des conditions pré-requises, et les transferts conditionnels, dans lesquels les transferts ne sont versés que si les bénéficiaires respectent des exigences spécifiques telles que la fréquentation régulière de l’école ou le respect des visites médicales.
Les programmes diffèrent également par le montant et la régularité des transferts aux ménages. Le bénéficiaire du transfert monétaire peut varier d’un programme à l’autre, et au sein d’un même programme; Certains de ces programmes utilisant des critères/conditions ? d’éligibilités basées sur le revenu du ménage et/ou les antécédents de l’élève, son sexe, son âge et sa fratrie. Les résultats des élèves bénéficiant des transferts diffèrent également. Dans certains programmes, la fréquentation scolaire est la seule mesure utilisée pour déterminer l’efficacité, tandis que d’autres peuvent surveiller et faire état du rendement scolaire, de l’inscription, de l’absence, du décrochage scolaire, de la progression ou du redoublement.
1. L’impact des transferts monétaires sur le rendement scolaire est, en moyenne, faible (+1 mois). Les effets sont légèrement plus élevés pour les élèves des écoles primaires (+2 mois). Si la principale préoccupation des écoles est d’augmenter le rendement scolaire des élèves, elles pourraient envisager d’autres moyens plus rentables d’améliorer ce rendement. Il est démontré que les élèves les moins performants ont tendance à tirer des avantages supplémentaires des transferts monétaires.
2. Les transferts conditionnels dans lesquels l’inscription ou fréquentation scolaire est contrôlée ont tendance à être plus efficaces (+2 mois). Le fait de conditionner le transfert au respect d’autres critères de santé (tel que le respect de ses visites médicales) contribue également à un impact plus important (+2 mois).
3. Une légère incidence positive a été constatée sur le taux fréquentation scolaire des élèves (environ 15 % de plus). La théorie du changement concernant l’impact des transferts monétaires sur les résultats des élèves implique que les transferts augmentent la fréquentation scolaire, ce qui conduirait finalement à une augmentation des aptitudes d’apprentissage.
Les résultats d’évaluations rigoureuses, telles que celles portant sur des essais expérimentaux ou sur des groupes bien contrôlés, suggèrent qu’en moyenne l’impact des programmes de transferts monétaires sur la fréquentation scolaire a généralement été faible mais positive (+1 mois de progrès). L’impact sur la fréquentation scolaire est généralement positif, mais on manque de données probantes pour déterminer l’effet sur d’autres résultats tels que la scolarisation, l’absence, le décrochage scolaire et le redoublement/la progression. Les transferts conditionnels où les bénéficiaires doivent adhérer à des conditions préalables à la réception d’un transfert telles que la fréquentation régulière de l’école ou le respect des visites médicales, ont montré un plus grand impact par rapport aux transferts inconditionnels.
La plupart des évaluations des programmes de transferts monétaires sont menées dans des pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFM). Cependant, il existe un manque de données probantes concernant leur utilisation et leur efficacité dans les pays à revenu élevé (PRI).
Certains craignent que les transferts d’argent liquide ne soient mal utilisés par les adultes au sein du ménage, en particulier lorsque des conditions telles que la fréquentation régulière de l’école ne sont pas contrôlées ou appliquées. Lorsque les transferts sont conditionnés à la fréquentation scolaire des élèves, qui fait l’objet d’un suivi ou d’une mise en application, il semble y avoir un impact plus significatif sur les résultats des élèves.
En général, les transferts monétaires semblent avoir un impact plus élevé sur les rendements scolaires au niveau de l’école primaire (enfants âgés de 4 à 11 ans).
Les transferts monétaires ont des effets plus importants sur la lecture et l’écriture que sur les mathématiques ou les sciences, bien que le nombre d’études comparatives soit faible.
Les études sont généralement menées dans les PRFM où ces programmes sont les plus répandus. Quinze pays ont servi de cadre aux études incluses dans cette analyse, la majorité des études ayant été réalisées en Amérique latine et dans les Caraïbes. Quatre études ont été menées en Afrique subsaharienne (Ouganda, Malawi), une au Moyen-Orient et une en Afrique du Nord (Maroc).
Il existe diverses approches relatives aux transferts monétaires, notamment les transferts conditionnels ou inconditionnels, le suivi et l’application des conditions de transfert et l’utilisation d’évaluations d’éligibilité pour déterminer l’allocation et le montant de l’aide financière reçue. Les caractéristiques communes des programmes de transferts monétaires comprennent entre autres :
- l’admissibilité déterminée par le revenu ou la localisation du ménage ;
- Le bénéficiaire du transfert est généralement le chef du ménage, le plus souvent la mère, bien qu’il puisse parfois être donné directement à I’ élève ;
- Le montant du transfert peut varier en fonction du revenu du ménage, du sexe et/ou de l’âge de l’étudiant et du nombre de frères et sœurs. En outre, des primes peuvent être accordées en cas de respect des conditions de transfert ou de poursuite de l’inscription à l’école ou au programme de transferts monétaires ;
- Le paiement du transfert peut dépendre du respect de conditions telles que la fréquentation régulière de l’école ou des centres de santé, l’obtention de ” bonnes ” notes ou le passage dans la classe supérieure.
- La durée du transfert peut être limitée à une période donnée ou à la fin de l’enseignement secondaire. En outre, l’éligibilité des bénéficiaires peut fluctuer en raison du non-respect des conditions de transfert ou de l’évolution des revenus du ménage;
Il est essentiel que les programmes qui accordent des transferts d’argent aux ménages surveillent et renforcent également la fréquentation scolaire des élèves afin d’atténuer le risque de mauvaise utilisation ou de détournement des transferts.
Les coûts associés aux programmes de transfert monétaire découlent de la fourniture d’une aide financière aux ménages participants, l’attribution de primes aux bénéficiaires et la fourniture d’incitations aux écoles afin de faire connaître et encourager la participation au programme, constituants ainsi des coûts récurrents.
Les coûts des programmes de transfert d’argent vont d’environ 1 à 200 dollars US par élève et par mois. Ce chiffre est basé sur le montant que les ménages reçoivent par élève, il ne tient pas compte des primes et des incitations. Par conséquent, le coût global des programmes de transferts monétaires peut être beaucoup plus élevé.
Le montant du transfert effectué aux bénéficiaires varie largement en fonction du revenu du ménage, du sexe et/ou de l’âge de l‘élève et du nombre de frères et sœurs. En outre, des primes peuvent être accordées en cas de respect des conditions de transfert ou d’inscription continue à l’école ou au programme de transferts monétaires. Par conséquent, le montant moyen qu’un ménage peut recevoir par mois est très variable. Le montant du transfert dépendra également du pays dans lequel le programme est mené et des coûts associés à l’éducation dans ce contexte.
Au Malawi par exemple, le montant du transfert mensuel variait entre 1 et 5 USD, alors qu’au Mexique, il variait entre 2 et 75 USD. Les transferts dans les contextes HIC étaient beaucoup plus élevés, avec une moyenne de 150 USD aux États-Unis et de 200 USD au Royaume-Uni.
La fiabilité des données probantes sur le transfert monétaire est jugée très limitée. 26 études répondant aux critères d’inclusion de la boite a outils d’enseignement et d’apprentissage ont été identifiées. Cette intervention a perdu en fiabilité suite a :
- Un grand pourcentage des études n’étant pas des essais contrôlés randomisés. Bien que d’autres conceptions d’étude communiquent encore des informations importantes sur l’efficacité des approches, il y a un risque que les résultats soient influencés par des facteurs inconnus qui ne font pas partie de l’intervention.
- Une très grande variation dans les résultats de recherche faites tout autour de cette thématique. Toutes les revues contiennent une certaine variation au niveau des résultats, c’est pourquoi il est important d’aller au-delà des chiffres que communique la moyenne. La variation inexpliquée (ou l’hétérogénéité) réduit notre certitude des résultats nous limitant dans l’examen de l’influence du contexte, de la méthodologie ou l’approche sur l’impact.
Comme tout autre revue de données probantes, la boite a outils d’enseignement et d’apprentissage résume l’impact moyen des approches lorsqu’elles sont étudiées dans un cadre académique. Il est important de tenir compte de votre contexte et d’appliquer votre jugement professionnel lors de la mise en œuvre d’une approche dans votre établissement.